Nini tosali te(MPR) : La légende désastreuse d’un peuple assoiffé du changement

Le groupe kinois de la « Musique Populaire de la Révolution » dit MPR, en sigle, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour décrire un épisode mythique devenu le quotidien d’un peuple qui se dit « Indépendant » mais dont le vécu fait jaillir des larmes.

Dans cette chanson parue sur leur chaîne Youtube en date du 6 novembre de l’année en cours et qui cumule déjà plus d’un million de vues, Zozo et Yuma cherchent la réponse à une question fâcheuse « Nini tosali te », entendrez par là « Que n’avons-nous pas fait? » pour inciter toute une nation, non seulement à la réflexion mais aussi et plus encore à la révolution.

Plus de soixante ans depuis la « fameuse » indépendance de la République Démocratique du Congo, aucun changement n’a été constaté dans la situation sociale du peuple congolais et cela, malgré les coups d’État en cascade et des successions mafieuses arrangées entre les politiques au sommet de l’État. Tous ces faits décrits ne donnent aucune envie de voter car aucun changement ne voit le jour même avec le recours à l’être suprême qui semble ne plus entendre les prières.

« Soixante et un an de l’indépendance mais toza coincé Kaka, est-ce que eza déluge oyo elobaki Sese Seko? Naza lisusu na force yako voter te po élection ou pas, toza kaka ndenge moko. Tolata ndjala lokola identité, insécurité partout na ba cités, tobosana goût ya petit déjeuner. Vie ya congolais neti Ali na Foreman, « pays riche » eza kaka étiquette ba coller nga, ba prière ya ndenge nini tosali te, est-ce que nzambe azo mona neti kondima etelengani? »(Soixante et un an d’indépendance mais nous sommes toujours à la traîne, est-ce le déluge qu’avait annoncé Sese Seko (Mobutu). Je ne suis plus enthousiaste quand il s’agit d’aller voter, élections ou pas, c’est pareil. La famine nous colle à la peau comme une seconde nature, l’insécurité règne en maître dans toutes nos côtés, on a même oublié la saveur du petit déjeuner. Les députés au parlement passent le plus chair de leurs temps à festoyer. La vie du congolais est comparable au combat d’Ali et Foreman. On dit qu’on est « un pays riche », cela n’est qu’une étiquette collée sur ma peau (certes dans les faits, la réalité est toute autre. Nous avons fait toutes sortes de prières et pourtant, Dieu nous ignore.)

Un refrain ? Et oui, un refrain qui peint la fatigue d’une population qui a tout fait pour changer la donne mais en vain.

« Ba kelasi pe totangi Yaya, jeûne et prière pe tosali Yaya, ba liens ya famille pe tokati Yaya, s’il faut ko lutter, esi tolutter yayaaaaaaa. Nini tosali té ?(Étudier, nous l’avons fait. Jeûnes et prières ! Nous l’avons fait. Nous avons même défait liens de famille. Lutter et persévérer, nous l’avons fait. Mais que n’avons-nous pas fait?)
Zozo et Yuma sont allés creuser dans des promesses politiciennes qui ont toujours soutenu l’hypothèse selon laquelle, c’est l’homme au pouvoir qui bloquerait tout et que son départ se verrait comme le salut de toute une nation. Et pourtant, cette hypothèse balbutie face à la réalité congolaise qui fait carrément voir que le changement reste toujours à l’horizon et que le salut du peuple se trouve à des kilomètres du changement du président.
La révolution ? Et oui, elle, la révolution. Après tous ces faits invariables, la révolution ne devrait que s’installer dans l’âme de MPR pour réveiller l’esprit dormant du congolais qui rêvent.
« Est-ce que totangi kelasi ya malonga? Biso nde tozo tambwisa makasu na shimboke mais bazo loba toza ba fainéants. Maman, osala tout na koma licencié, oteka mapa, makala na quartier mais nazangi myen yako zongisela yo sourire, partout na toquer bazo yamba te. Po to mériter nyoso, tosala nini? Changement eza te malgré nyoso oyo esalami, ti Wapi toko banda koluka appui ? Est-ce que toza génération sacrifiée ? Même épisode ezo zonga chaque année. » Crashe Zozo.

Seulement quatre minutes et quarante-quatre secondes ont suffi pour mettre à la lumière du monde ce désastre éternel du peuple que feignent comprendre les politiques qui ne visent que leurs poches et centres une fois à la magistrature suprême alors qu’ils se disent vouloir venir à la rescousse d’un peuple dont ils creusent eux-mêmes les tombes.

@Guerschome Mohammed/ 243arts.com